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"Envoyez-moi vos fatigués, vos pauvres, envoyez-moi vos cohortes qui aspirent à vivre libres", confie le poème emblématique inscrit sur le piédestal de la statue de la Liberté. Depuis des générations, le cadeau de la France aux États-Unis représente un symbole d’espoir pour tous ceux qui recherchent désespérément une vie meilleure. Nous connaissons tous la torche et la couronne à pointes imposante de la magnifique statue, mais le design de Lady Liberty est bien plus complexe qu’on ne l'imagine.
Des symboles essentiels
La couronne à pointes qui repose sur la tête de Lady Liberty représente par exemple une lumière qui rayonne sur toute la Terre.
Un autre élément important du monument est bien sûr niché dans sa main gauche.
L'hommage à la Déclaration
Ça n'est pas évident à voir, mais la grande tablette tenue par la statue porte des chiffres romains qui marquent la date de la Déclaration d’indépendance, une référence à la fondation des États-Unis.
Le projet visant à rendre hommage à l’anniversaire de la Déclaration ne s’est toutefois pas déroulé exactement comme prévu.
Un délai de taille
Frédéric Auguste Bartholdi a commencé la construction de Lady Liberty en France en 1875 en espérant la terminer en juillet 1876, à temps pour le centième anniversaire de la Déclaration d’indépendance des États-Unis.
Il a toutefois eu les yeux plus gros que le ventre, la statue n’ayant été achevée qu'en 1884. Mieux vaut tard que jamais, n'est-ce-pas ?
La controverse
Les Américains n'étaient d'ailleurs pas vraiment convaincus par ce nouveau monument au cours de la décennie de retard de la construction de la statue. Les suffragettes ont même protesté contre son inauguration.
Il s'agissait après tout d'une femme qui symbolisait la liberté, alors que les Américaines n’avaient même pas le droit de vote. Leur mission a heureusement été saluée grâce au symbole de la torche.
L'illumination pour tous
Certains considèrent que la torche est la partie la plus importante du monument. En effet, elle représente l’illumination, éclairant et illuminant la voie de la liberté. Tous ces éléments étaient lourds de sens, mais G.
Eiffel a lui fait face au défi plus terre à terre de devoir les construire et les transporter à travers l’Atlantique.
L'expédition d'une structure colossale
Les défis logistiques ne les ont pas arrêtés.
La structure a été complètement assemblée à Paris avant d'être démontée et expédiée en morceaux jusqu'à New York à l'aide d'une frégate. Elle est arrivée le 17 juin 1885 avant d'être reconstituée en Amérique.
Des immigrants bienvenus
La reconstruction a été complétée plus d’un an après, et le monument a rapidement accueilli d'importants groupes d’immigrants venus d’outre-mer, à la recherche d'une vie de liberté que la statue symbolisait à merveille.
À l'époque, les visiteurs pouvaient vivre une expérience que peu de gens ont vécue depuis.
La fermeture de la torche
Les visiteurs ont pu monter jusqu'à la torche jusqu’en 1916, mais une énorme explosion provoquée par des espions allemands pendant la Première Guerre mondiale a entraîné la fermeture définitive de la zone.
Ça n'est pas non plus la dernière fois que le monument s'est retrouvé pris au milieu d'une guerre.
Le symbole mystère
En 1970, un groupe de militantes des droits des femmes a organisé des manifestations sur Liberty Island. Un an plus tard, l'île a de nouveau été le théâtre de manifestations, cette fois-ci contre la guerre du Vietnam.
Les symboles de la statue suscitent une admiration sans borne, mais l'un de ses symboles reste pourtant particulièrement méconnu.
Et les pieds, alors ?
Pourquoi prêter attention aux pieds de la statue alors que les symboles les plus importants sont la torche, la couronne et la tablette, n’est-ce pas ?
Observez un peu son pied droit légèrement relevé. Ça n'a rien d'anodin.
Libérée de ses chaînes
Regardez maintenant son autre pied. Vous voyez cette chaîne brisée ?
Ce symbole moins connu censé montrer Lady Liberty en train de se libérer de ses chaînes est lié aux croyances profondes de É. Laboulaye.
La transmission d'un message
Le Français respectait et admirait l’Amérique, mais était également un fervent abolitionniste, étant président et cofondateur de la Société anti-esclavage de France.
L’esclavage était interdit en France à l’époque, mais le groupe considérait qu'il n'avait sa place nulle part.
Un symbole durable
La statue de la Liberté est un symbole évident de liberté, mais elle délivre également un message plus spécifique sur l'abolition de l’esclavage et le rayonnement de l’illumination dans le monde.
Et ça ne s’arrête pas là, car le monument possède encore un autre élément essentiel que personne ne peut ignorer.
Le Nouveau Colosse
Le poème intitulé "Le Nouveau Colosse" a été écrit en 1883 par la poète Emma Lazarus afin de recueillir des fonds pour l'énorme projet d’installation de la statue et était destiné à peindre l’Amérique comme un sanctuaire sûr.
Il s'est toutefois retrouvé au cœur d'une controverse en 2019.
Une tentative d'amendement du poème
Les opposants à l’immigration souhaitaient que la fameuse phrase "Envoyez-moi vos fatigués, vos pauvres..." soit modifiée pour se terminer par "qui peuvent se tenir debout et ne deviendront pas une charge publique".
Cet ajout n’a pas été pris au sérieux, mais a toutefois suscité des débats importants.
Embrassez-la !
Le poème d'E. Lazarus est inchangé depuis des générations, et Lady Liberty continue de représenter une échappatoire bienvenue à la persécution pour tous.
Elle reste debout malgré le temps qui passe et encourage tous ceux qui sont inspirés par sa force en cuivre.
Des origines étrangères
La statue de la Liberté est incontestablement une icône de l’Amérique, mais elle trouve ses racines en France.
C’est là que le sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi a eu l’idée de créer un monument pour rendre hommage à l’amitié entre la France et les États-Unis. Il n'avait toutefois encore jamais mis les pieds sur le sol américain.
Un ami sur qui compter
En France, F. Bartholdi a sollicité l’aide de son ami Édouard de Laboulaye, partisan de la création d’un monument franco-américain.
Ce dernier a alors créé l’Union franco-américaine en 1875 afin de recueillir 250 000 $ pour payer la statue. Il ne restait plus aux Américains qu’à financer le piédestal du monument.
Une structure solide
Les travaux sur le monument ont commencé en 1875. Pour l'anecdote, on racontait que F. Bartholdi s'était inspiré du visage de sa mère pour créer la statue. Il a fait appel au célèbre ingénieur français Alexandre-Gustave Eiffel pour concevoir la structure de sa création.
Ce dernier a ainsi créé un squelette sur lequel F. Bartholdi a ajouté des couches de cuivre pour former la silhouette.
La rivalité entre villes
Il n'a pas toujours été évident de convaincre les New-Yorkais, et les Américains en général, de soutenir la statue. F. Bartholdi a donc décidé d’exposer la main et la torche de la statue à l'exposition universelle de 1876 à Philadelphie.
Le sculpteur a ainsi suggéré qu’il envisageait de placer son monument à Philadelphie, en réponse au scepticisme de New York. Une rivalité est alors née entre les deux villes, conduisant à l'exposition de la torche à Madison Square.
Un financement participatif
Dans les années 1880, l’American Committee for the Statue of Liberty a eu l’idée originale de recueillir des fonds pour le piédestal du monument.
Ils ont donc commencé à vendre des modèles souvenirs de la statue à travers les États-Unis, et ces mini-icônes se sont rapidement répandues dans l'ensemble du pays. La statue de la Liberté est ainsi devenue un symbole de l’Amérique avant même que la vraie ne soit complétée.
Un assemblage requis
Le plaidoyer de J. Pulitzer pour contribuer au financement de la construction de la statue a fini par porter ses fruits. Son journal a permis de recueillir 100 000 $ pour compléter le piédestal, principalement grâce à des dons de 1 $ ou moins.
Le monument est arrivé à New York en 1885, mais l'assemblage de ses 350 pièces a duré un an. La statue de la Liberté a donc été officiellement inaugurée en octobre 1886.
Une promesse de liberté
La statue de la Liberté est rapidement devenue une attraction touristique populaire. Elle a toutefois également contribué à un objectif plus honorable : monter la garde pour le poste d’immigration fédéral à Ellis Island ouvert en 1892.
Les arrivées d'un total incroyable de 12 millions d’immigrants ont été traitées au poste de contrôle entre cette date et 1954. Bon nombre d’entre eux sont passés juste devant le monument avant de commencer leur nouvelle vie à leur arrivée aux États-Unis.
Un accès limité
La statue de la Liberté a toutefois été de nouveau fermée suite aux attentats terroristes du 11 septembre 2001. L’île sur laquelle le monument est érigé est restée inaccessible au public pendant un total de 100 jours, et la visite de la statue a été interdite pendant trois ans.
L’accès à la couronne n'a repris qu'en 2009, et les visiteurs devaient prendre rendez-vous pour atteindre la couronne ou le piédestal.
La zone secrète
La statue de la Liberté a progressivement rouvert ses portes aux visiteurs suite aux événements du 11 septembre, mais au moins une partie du monument est restée interdite au public.
De manière assez similaire aux événements de 2001, la zone secrète avait été fermée à clé à la suite d’un événement choquant qui avait secoué la ville de New York près d’un siècle auparavant.
L'incident déclencheur
L’incident en question s’est produit le 30 juillet 1916 lors d'une explosion sur Black Tom Island, qui, comme Liberty Island, est située dans le port de New York.
L’explosion a retenti au beau milieu de la nuit et a été entendue à des kilomètres à la ronde, brisant des fenêtres à Manhattan et mettant fin à sept vies.
Une explosion terrible
L’explosion dévastatrice était sans précédent dans la ville à cette époque.
Kenneth Jackson, spécialiste de l’histoire de New York et professeur à l’université Columbia, s'est confié à NBC News au sujet de l’incident en 2018, expliquant : "Ça a été une explosion terrible, la pire de New York à l'époque".
Parties en fumée
Deux millions de livres de munitions sont parties en fumée sur Black Tom Island lors de l’explosion d'une intensité de 5,5 sur l’échelle de Richter, selon le New York Times.
Cela représente une force 30 fois plus importante que l’effondrement du World Trade Center. Jusqu’au 11 septembre, l’explosion était d'ailleurs considérée comme l’attaque terroriste la plus destructrice sur le sol américain.
Des difficultés en période de guerre
La Première Guerre mondiale battait son plein en Europe au moment de l’explosion.
Black Tom était un lieu clé du transport d'armes qui permettait à la Lehigh Valley Railroad d'accéder à des entrepôts remplis d’armes qui étaient alors envoyées à Gravesend Bay, puis en Europe.
Pas si neutres que ça
La plupart des armes envoyées depuis Black Tom Island étaient achetées par les Britanniques, les Français, les Russes et les Japonais. Les États-Unis étaient officiellement neutres à l’époque, mais l’Allemagne était globalement exclue de l’achat d’armes américaines, faute de moyens.
K. Jackson a ainsi expliqué à NBC News que "les Allemands ont probablement vu cela comme un acte de guerre".
Le sabotage
L’inspecteur Thomas J. Tunney du New York Police Department Bomb Squad a estimé que le sabotage était une cause probable de l’explosion, vu le rôle clé de Black Tom Island.
Certains ont également suggéré que des nationalistes indiens ou irlandais opposés à la domination britannique étaient peut-être responsables. Aucune preuve n'a toutefois permis de prouver ces théories.
La chasse aux suspects
Un immigré allemand de 23 ans, Michael Kristoff, a également été arrêté avant d'être libéré faute de preuves.
Un marin allemand du nom de Lothar Witzke s'est ensuite retrouvé au cœur de la conspiration suite à sa condamnation à mort dans une autre affaire d’espionnage, mais sa peine a finalement été commuée.
La vérité
Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale que le mystère du bombardement de Black Tom Island a été éclairci.
En 1921, des avocats qui travaillaient sur un traité de paix entre les États-Unis et l’Allemagne ont prouvé que des agents allemands étaient bel et bien responsables de l’attaque. Ils avaient d'ailleurs monté leur coup dans une maison mitoyenne de Manhattan appartenant à un chanteur d’opéra germano-américain.
Des demandes d'indemnisation
Les propriétaires du site de Black Tom Island et leurs compagnies d’assurance se sont vu accorder 21 millions de dollars en dommages ainsi que 29 millions de dollars en intérêts dans le cadre d’un traité de paix en 1939.
Ces sommes correspondaient au règlement le plus important jamais accordé par un tribunal international. Hitler, alors chancelier de l’Allemagne, avait jugé que la décision était déraisonnable.
Des dettes réglées
Le règlement a finalement été renégocié par la République fédérale d’Allemagne en 1952. Un paiement initial de 3 millions de dollars a été effectué en 1953 et les 26 restants ont été réglés des années plus tard.
L'affaire était donc globalement réglée, et l'explosion du Black Tom est rapidement tombée aux oubliettes, même à New York.
Aux oubliettes
K. Jackson a confié sa théorie à NBC News pour tenter d'expliquer pourquoi l’explosion sur Black Tom Island était tombée aux oubliettes, confiant : "On ne peut pas dire que Black Tom soit très connue...
Je pense que c’est en partie à cause de l’isolement de l’explosion. La plupart des gens n’avaient jamais entendu parler de cette île, ils ne savent même pas où elle se trouve".
Une blessure au bras
Mais les séquelles de l’explosion de Black Tom sont bel et bien là. La statue de la Liberté a été frappée par des éclats d’obus lors de l’explosion, forçant la fermeture de son bras étendu et de sa torche aux visiteurs.
Il était alors jugé dangereux de gravir une échelle de 12 mètres jusqu’au sommet du monument pour profiter du point de vue sur le port de New York.
Un privilège rare
Les militaires ont permis à des visiteurs importants de monter dans la torche après l'inauguration de la statue de la Liberté, mais en 2018, le responsable du Liberty National Monument, John Piltzecker, a déclaré au New York Times qu'il s'agissait d'un privilège rare uniquement proposé à certaines personnes.
Il a expliqué : "… Il fallait être assez spécial pour faire ça".
Toujours des rumeurs
Les seules personnes qui ont accès à la torche de la statue de la Liberté depuis sa fermeture sont les techniciens d’entretien, même si ça n’a pas empêché certains visiteurs d'affirmer avoir visité le sommet du monument.
Ils pensent probablement plutôt à la Couronne, qui est, elle, toujours ouverte au public.
On connaît la chanson
Stephen A. Briganti, président-directeur général et président de la Statue of Liberty-Ellis Island Foundation, a confié au New York Times : "Vous ne pouvez pas imaginer combien de personnes m’ont dit : 'Je suis monté jusqu'à la torche'.
Et je leur réponds : 'Non, vous ne l’avez probablement pas fait à moins que vous ne soyez vraiment vieux'".